Admirable, j’avais donc déchiffré correctement la copie d’écran.
Mais ça mérite un petit quart d’heure didactique :
Cette remise en ordre de la présentation des résultats correspond à l’ordre « Au temps » qu’affectionnaient jadis les sous-officiers lorsqu’ils demandaient de recommencer totalement une manœuvre d’ordre serré mal exécutée.
L’ordre serré désigne
(désignait ?) la manière de rassembler des soldats en unités constituées durant une bataille ou lors des déplacements et des défilés.
L’infanterie qui pratiquait ce type de manœuvre n’avait rien inventé, car elle avait repris les usages en vigueur dans les phalanges grecques de l’antiquité.
Chez les fantassins lourdement armés de la Grèce antique
(les hoplites), le regroupement d’hommes orientant leurs armes et leur effort d’attaque dans la même direction, conjugués à la cohésion des manœuvres rassuraient les combattants par la proximité de leurs compagnons et devenaient alors des gages de victoire face à des armées plus nombreuses, mais désordonnées.
L’Adjudant-chef Grougnaffe, pas assez vieux pour avoir appris à manœuvrer dans l’infanterie de la Grèce antique, a découvert lors de son instruction militaire
(il y a longtemps) qu’en matière d’ordres donnés le principe d’équivalence, qui paraît évident aux yeux des populations civiles, n’autorise pas la substitution d’un ordre donné par un ordre strictement équivalent.
Comme la copie d’écran qui est équivalente à la présentation règlementaire mais ne lui est pas substituable, l’ordre donné par un militaire doit toujours répondre à la forme officielle.
Un exemple avec le commandement
DEMI-TOUR….DROOOITE que les moins jeunes d’entre vous ont peut-être vécu aussi.
La version officielle telle qu’on pouvait la lire dans le manuel du gradé :
Premier temps : tourner sur le talon gauche d’un demi-quart de cercle à droite, et placer le pied droit en équerre, le milieu du pied vis-à-vis et à environ 0,10 m du talon gauche.
Deuxième temps : tourner sur les deux talons, en élevant un peu la pointe des pieds, les jarrets tendus puis faire face en arrière.
Troisième temps : ramener vivement le talon droit contre le talon gauche.
La version de Grougnaffe lors de l’examen du peloton
(il y a 58 ans) : idem à la version officielle sauf que j’avais substitué au terme « un demi-quart de cercle à droite » une invention de mon cru « un huitième de cercle à droite », ce qui m’avait attiré les foudres de l’adjudant instructeur.
Ce dernier avait réfuté mon argumentation qu’un demi-quart et un huitième étaient équivalents en disant qu’on ne pouvait pas substituer les deux termes parce que ça n’était pas prévu comme ça dans le manuel du gradé.
Fin du quart d’heure didactique de Grougnaffe.